Pourquoi Anna n'a pas de pouvoirs magiques dans La Reine des Neiges ?

Depuis sa sortie en 2013, La Reine des Neiges a été un immense succès et continue encore aujourd’hui de faire briller les yeux de milliers de fans. Le film mélange avec une grande aisance les codes classiques de Disney et des influences plus modernes, ce qui crée une histoire qui marque durablement les familles partout dans le monde.
Son scénario est soigné, rempli de détours narratifs et de petites surprises qui gardent le public attentif du début à la fin. Pourtant, malgré cette écriture maîtrisée, certaines zones d’ombre subsistent dans le récit global.

L’un des sujets qui suscite le plus de discussions concerne les pouvoirs glacés d’Elsa. D’où viennent-ils exactement ? Comment a-t-elle pu les obtenir ? Et surtout, pourquoi est-elle née avec des capacités aussi extraordinaires sans qu’aucune explication claire ne soit donnée au départ ?

Retour aux origines dans La Reine des Neiges II

La Reine des Neiges II tente d’apporter des réponses à certaines de ces questions, notamment en explorant le passé des parents d’Elsa et d’Anna, et la manière dont leur histoire a pu influencer leurs filles, surtout Elsa. On découvre dans ce second film qu’Iduna, leur mère, venait à l’origine de la forêt enchantée, un lieu imprégné de magie et protégé par les esprits de la terre, du feu, du vent et de l’eau.

Même si Iduna ne possédait aucun pouvoir magique, le récit laisse entendre que son acte de bravoure ( lorsqu’elle a sauvé Agnarr, celui qui deviendrait le père d’Elsa et d’Anna ) a poussé la nature à offrir ces pouvoirs de glace à leur premier enfant, Elsa. Cette révélation permet de comprendre l’origine de la magie d’Elsa, mais une question reste sans réponse : pourquoi Anna, elle, n’a-t-elle reçu aucun pouvoir dans aucun des deux films ?

Comprendre pourquoi Elsa a des pouvoirs et pas Anna

Pour examiner les pouvoirs inexistants d'Anna, il faut partir des pouvoirs d'Elsa. Cependant, les pouvoirs d'Elsa ne sont pas faciles à définir, car ils vont au-delà du simple « contrôle de la glace et de la neige ». D'autres personnages Disney puissants, comme Raiponce et Moana, ont des pouvoirs plus cohérents, principalement axés sur un facteur fondamental : la guérison et l'océan. Si les pouvoirs d'Elsa sont liés à la glace et à la neige, elle fait également preuve de capacités axées sur la création.

L'origine des pouvoirs d'Elsa

Elle donne vie à Olaf ainsi qu’au gigantesque bonhomme de neige Marshmallow, construit un château de glace impressionnant et crée même une robe étincelante faite de cristaux.
Dans La Reine des Neiges II, elle parvient aussi à apprivoiser un esprit de l’eau qui prend la forme d’un cheval, Nokk, et qui la guide jusqu’à Ahtohallan, une rivière gelée renfermant les souvenirs du passé.

C’est là qu’Elsa découvre que son grand-père a attaqué un membre innocent du peuple Northuldra dans la forêt enchantée, et qu’il éprouvait une profonde peur de la magie. Cette vérité lui permet de comprendre pourquoi les esprits sont en déséquilibre et pourquoi elle a été appelée à devenir le cinquième esprit, « celui dont la mission est de relier la magie de la nature aux êtres humains » 

Ce schéma se retrouve aussi dans La Reine des Neiges II. Comme dans le premier film, Anna laisse parfois ses émotions et son impulsivité prendre le dessus, car sa priorité absolue reste de protéger Elsa. Cela la pousse à négliger Kristoff, et même à se mettre en colère contre Elsa lorsqu’elle estime que celle-ci prend trop de risques dans sa quête identitaire.

Anna face aux pouvoirs d'Elsa

Pourtant, une fois encore, Anna finit par faire un choix décisif qui change le cours de l’histoire de manière positive. Après qu’Elsa s’aventure au cœur d’Ahtohallan et se retrouve figée par le froid, elle réussit à envoyer un dernier message à Anna, révélant la vérité sur leur grand-père.

Cette révélation fait s’effondrer les plus grandes peurs d’Anna, d’autant plus qu’Olaf disparaît sous ses yeux, puisque sa magie dépendait d’Elsa. Anna se retrouve totalement seule, réalisant qu’elle vient de perdre deux des êtres qu’elle aime le plus au monde. Brisée, elle s’assoit dans une grotte plongée dans l’obscurité, dans une scène qui illustre de façon poignante sa peine.

C’est pourtant là qu’elle trouve la force de chanter “The Next Right Thing”, comprenant enfin ce qu’elle doit faire. Elle réveille alors les géants de la Terre, et dans leur agitation, ceux-ci la suivent jusqu’au barrage.

Après avoir découvert cette vérité essentielle, Elsa réussit à transmettre l’information à Anna en créant une statue de glace qui montre ce que leur grand-père a fait. Mais, exposée au froid extrême d’Ahtohallan, elle finit par être totalement figée.
Anna, de son côté, parvient à détruire le barrage construit autrefois par leurs ancêtres, un ouvrage qui avait causé de grands torts au peuple de la forêt enchantée. Cette action déclenche une réaction en chaîne. Une fois qu’ils comprennent que les erreurs du passé ont enfin été réparées, les esprits libèrent Elsa. Elle rejoint alors Nokk pour empêcher Arendelle d’être engloutie par les eaux provoquées par la destruction du barrage.

Dans une scène spectaculaire, Elsa érige un immense mur de glace pour protéger son royaume du danger. En lui attribuant le rôle du « cinquième esprit », La Reine des Neiges II propose une explication globale à toutes les questions autour de ses pouvoirs. Comment peut-elle créer la vie, des vêtements, d’immenses constructions ou encore figer des souvenirs dans la glace ? Tout simplement parce qu’elle est ce cinquième esprit, l’un des êtres les plus puissants jamais imaginés dans l’univers de Disney.

Certaines zones restent floues sur les pouvoirs d'Elsa

La production de La Reine des Neiges II a été particulièrement complexe, avec de nombreuses réécritures et des scènes modifiées seulement quelques mois avant sa sortie. Cela explique sans doute pourquoi le récit global n’a pas été approfondi davantage, alors qu’une grande partie de l’histoire repose justement sur l’origine et le fonctionnement des pouvoirs d’Elsa.

Si Elsa est censée représenter le lien vivant entre la magie et la nature, on peut se demander en quoi des pouvoirs liés à la glace reflètent réellement cette idée. Le fait qu’elle soit désignée comme le cinquième esprit interroge aussi, car manipuler la glace et la neige semble très proche de l’élément de l’eau.
Il est encore plus difficile de comprendre pourquoi ce serait à elle — et à elle seule — de porter le poids d’apprendre à maîtriser ces pouvoirs, surtout quand on voit à quel point cela a causé de la souffrance à elle et à Anna. Si ces capacités étaient réellement un « cadeau » des esprits, pourquoi auraient-elles engendré autant de douleur ?

Et si Elsa n’avait jamais réussi à maîtriser ses pouvoirs ? Comment les esprits pouvaient-ils être certains qu’elle n’utiliserait pas ses capacités pour faire le mal, comme le personnage dont elle s’inspire dans le conte La Reine des Neiges de Hans Christian Andersen ?
Même si La Reine des Neiges II a été un immense succès commercial — l’un des cinq films d’animation les plus rentables de l’histoire — son récit donne l’impression d’être mal orienté et inachevé. De nombreux aspects liés aux pouvoirs d’Elsa, à leur fonctionnement ou à leurs limites restent flous.

Ce qui rend l’ensemble encore plus frustrant, c’est qu’Anna est mise de côté dès que l’histoire se centre sur la quête d’Elsa. Le film n’apporte aucune explication solide sur la raison pour laquelle Anna n’a pas reçu, elle aussi, un pouvoir magique, alors qu’elles partagent pourtant la même origine.

La seule explication que le film semble vraiment proposer est que, puisque Elsa est l’aînée d’Agnarr et d’Iduna, ce sont les esprits qui lui ont accordé les pouvoirs. Mais alors, qu’en est-il d’Anna ? La Reine des Neiges II révèle-t-il réellement un rôle plus profond pour elle ?
Il existe une interprétation qui pourrait apporter une réponse satisfaisante.

Anna agit en complément des pouvoirs d’Elsa pour sauver la forêt enchantée et Arendelle

La personnalité d’Anna a souvent été critiquée pour son côté un peu fantasque.
Certaines personnes l’adorent pour son énergie et sa spontanéité, tandis que d’autres estiment qu’elle sert surtout à faire avancer l’intrigue en bousculant les schémas traditionnels de Disney.

Dans le premier film, lorsqu’Anna s’interpose entre l’épée de Hans et Elsa, elle amorce une évolution majeure dans les récits Disney modernes. Elle montre qu’un acte d’amour véritable ne se résume pas forcément au baiser classique entre un prince et une princesse. L’amour familial peut être tout aussi puissant, parfois même davantage.

Cette scène est également un moment déterminant pour son personnage : elle révèle une impulsivité qui, pour une fois, mène à une action juste, courageuse et profondément généreuse.

Anna : un rôle essentiel, même sans magie

Tout au long de La Reine des Neiges, les décisions impulsives d’Anna lui attirent souvent des problèmes, notamment lorsqu’elle accorde sa confiance à Hans, qui se révèle être un traître. Malgré cela, c’est aussi elle qui pousse Elsa à revenir à Arendelle pour faire revenir l’été, sans se rendre compte que cela réveille chez sa sœur des émotions encore plus complexes… jusqu’à provoquer, par accident, le gel de son propre cœur.

Pourtant, dans un geste à la fois rapide et profondément symbolique, Anna change le cours du film. Elle crée elle-même l’acte d’amour véritable qui la sauve. Elle protège Elsa d’une attaque, mais lui montre surtout l’étendue de son affection et jusqu’où elle est prête à aller pour elle. Elle sauve aussi le royaume : en empêchant Hans de prendre le pouvoir et en mettant fin à l’hiver éternel. C’est à ce moment-là qu’Elsa comprend que l’amour est la clé qui lui permet de maîtriser ses pouvoirs.

Ce passage représente bien plus qu’une évolution pour Anna : il montre qu’elle est naturellement altruiste, et qu’elle sait prendre les bonnes décisions dans les situations les plus difficiles, même lorsqu’elles sont dangereuses ou douloureuses.

Une fois arrivée au barrage, Anna tombe sur le lieutenant Mattias, qui ne comprend d’abord pas pourquoi elle insiste pour que l’ouvrage soit détruit. Mais dès qu’elle évoque le sacrifice d’Elsa, lui et ses hommes décident de lui faire confiance et encouragent les géants à frapper le barrage. Ce moment révèle pleinement le rôle d’Anna dans l’histoire, exactement comme son sacrifice l’avait fait dans La Reine des Neiges. Grâce à ce geste courageux, Anna libère Elsa, qui peut alors utiliser ses pouvoirs pour sauver Arendelle et préparer un avenir plus serein.

Dans La Reine des Neiges II, Anna confirme son importance

Les deux sœurs agissent ainsi main dans la main : Anna avec sa capacité à prendre des décisions audacieuses et déterminantes, et Elsa avec sa magie. Ensemble, elles résolvent le conflit et permettent à l’histoire d’avancer. Dans ce contexte, il devient logique qu’Anna ne possède pas de pouvoirs.

Elsa a besoin de ses capacités pour atteindre Ahtohallan, mais Anna, elle, doit compter sur sa force intérieure pour provoquer le véritable changement — et pour cela, la magie n’est pas nécessaire. Il est d’ailleurs possible que les esprits aient anticipé ce duo complémentaire et aient donné leurs pouvoirs à Elsa en sachant qu’elle les maîtriserait un jour grâce à l’amour et au soutien d’Anna. De la même manière que Mirabel, dans Encanto, est la seule Madrigal sans don magique mais joue un rôle essentiel dans la sauvegarde de sa famille, Anna montre que les actions les plus puissantes ne sont pas toujours liées à des pouvoirs extraordinaires.

Pourquoi Anna n’a-t-elle pas de pouvoirs ?

Dans cette lecture, tout devient plus logique :

• Elsa avait besoin de magie pour atteindre Ahtohallan.

• Anna avait besoin de force intérieure pour réparer le passé.

• Ensemble, elles forment un duo équilibré : l’une agit par la magie, l’autre par le cœur.

Une logique qui s’inscrit dans la narration Disney moderne

Dans les récits récents, la magie est souvent présentée comme une force presque omnisciente, capable d’anticiper les besoins d’un personnage avant même qu’il ne les comprenne. Moana est choisie par l’océan très jeune. Mirabel, privée de don, est justement celle qui peut guérir sa famille.

Il est donc cohérent que les esprits aient prévu qu’Elsa deviendrait cinquième esprit uniquement si Anna l’aidait : d’abord par son amour, puis par ses actions.

Si Anna avait eu des pouvoirs, elle aurait dû apprendre à les contrôler, et elle n’aurait peut-être pas pu sauver Elsa ou Arendelle.